Stérilisation dentaire : bonnes pratiques et solutions à la hauteur des enjeux

Durant des soins dentaires, le praticien utilise plusieurs typologies de dispositifs : pinces, fraises, spatules, turbines, embouts, instruments chirurgicaux…

Quelle que soit la nature de l’intervention, la surface du matériel réutilisable peut être contaminée par des spores (formes de résistance bactérienne) ou des micro-organismes pathogènes provenant principalement de :

Résidus inorganiques 

Ils sont généralement minéraux : ciments, résines, plâtres ou toute autre substance utilisée par le dentiste. 

Ils se déposent sur les instruments et risquent d’adhérer à la surface, notamment s’ils ne sont pas soumis à un nettoyage immédiat après les soins.

Sources organiques diverses 

Le matériel est en contact direct avec la bouche du patient, donc sa salive, mais pas seulement.

D’autres sources potentiellement responsables d’infections sont présentes :

• Le sang, porteur éventuel de virus (VIH, hépatite B et C…) et composé de molécules (protéines…) naturellement peu solubles dans l’eau.

• Les biofilms. Il s’agit d’une masse de micro-organismes se développant en présence d’un liquide/d’humidité en contact avec une source inerte (émail dentaire). Ces bactéries se déposent sur les instruments et se multiplient. Elles créent une structure hautement protectrice contre les désinfectants.

Le saviez-vous ? Les principaux agents infectieux susceptibles d’être inoculés lors d’un acte de chirurgie dentaire sont les suivants : bactéries, virus et prions (comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob).

Les cabinets dentaires ont l’obligation de respecter un protocole strict pour stériliser leurs équipements. En effet, chaque étape de la chaîne d’asepsie est cruciale pour réduire progressivement la charge infectieuse jusqu’à obtenir des instruments stériles. Le cycle de stérilisation doit débuter dès la fin des soins réalisés sur le patient.

1. Démontage des instruments utilisés lors des soins dentaires

Certains dispositifs médicaux utilisés en cabinet dentaire sont composés de plusieurs éléments.

Avant de procéder à la décontamination, il convient de les démonter afin de s’assurer que chaque surface éventuellement contaminée puisse être parfaitement lavée puis stérilisée.

2. Pré-désinfection 

Immédiatement après leur utilisation, chaque instrument dentaire doit être immergé dans un bac spécifique (avec panier et couvercle) contenant une solution désinfectante et détergente. 

À noter : il est important que ce récipient soit rapidement accessible (dans la salle de soins). En effet, il s’agit d’éviter que les liquides organiques (salive, sang…) sèchent sur les instruments et créent un biofilm.

Le temps de trempage nécessaire et la fréquence de changement du bain dépendent du produit détergent choisi. Ces indications figurent sur la notice. 

À titre d'indication, il faut généralement prévoir :

• Une durée d’immersion de 15 à 30 min.  

• De changer la solution quotidiennement ou dès qu’elle devient trouble.

Ensuite, veillez à rincer les instruments à l’eau courante avant de les transporter en salle de stérilisation. Le rinçage permet d’enlever le produit actif restant, susceptible d'endommager leur surface.

Ce traitement de pré-désinfection vise à diminuer le niveau de contamination en éliminant la majorité des agents pathogènes.

3. Nettoyage et séchage du matériel dentaire

Il s’agit maintenant d’éradiquer tout dépôt résiduel présent sur les instruments dentaires. Car une stérilisation ne pourra être menée efficacement que sur un matériel parfaitement propre.

Il est possible d’effectuer un lavage :

• Manuel avec des brosses souples et une solution détergente, suivi d’un rinçage et séchage systématiques. Il est recommandé de choisir cette option uniquement pour le matériel ne pouvant être nettoyé automatiquement (car trop fragiles ou nécessitant un écouvillonnage). En effet, ces opérations menées manuellement sont chronophages et la marge d’erreur humaine plus élevée. Il est difficile de garantir la fiabilité et la reproductibilité du processus.  

• Automatique grâce à un laveur-désinfecteur ou thermo-désinfecteur. Cet appareil réalise en un seul cycle de thermo-désinfection toutes les phases requises : prélavage, lavage à haute température, désinfection avec un détergent, rinçage et séchage. Grâce à ce processus automatisé, les résultats obtenus sont optimaux : efficacité irréprochable, gain de temps…

4. Conditionnement : une étape primordiale avant stérilisation

Immédiatement après le nettoyage (pour éviter un contact prolongé avec l’air ambiant), il est impératif d’emballer le matériel dentaire dans des gaines ou sachets de stérilisation à usage unique.

Le rôle de l’emballage est de :

• Les garder propres et secs.

• Les protéger de l’environnement (source de contamination).

• Maintenir l’état stérile après le recours à l’autoclave ou stérilisateur à vapeur d'eau saturée sous pression.

À noter : avant d’être conditionné, il faut veiller à contrôler chaque instrument pour vérifier qu’il ne présente aucune trace suspecte ni usure. Si tel était le cas, il sera renettoyé ou mis au rebut.

5. Stérilisation des instruments dentaires

À ce stade, les micro-organismes les plus virulents risquent d'être toujours présents. La phase finale de stérilisation vise à les neutraliser.

Elle s’effectue grâce à un stérilisateur. Ce caisson maintient une température de 134 °C à haute pression (de 2 à 3 bar) pendant 20 à 30 min. 

L’énergie libérée détruit toute forme de vie microbienne et d’agents infectieux (virus, bactéries…).

Mener une inspection visuelle est nécessaire pour vérifier la fiabilité des emballages stérilisés. Si l’un d’eux est endommagé, il faut le retirer du cycle et recommencer le processus de stérilisation.

6. Traçabilité et stockage

Pour terminer, les paramètres enregistrés par le stérilisateur pour chaque cycle doivent être imprimés et fixés sur l’emballage correspondant avant de stocker le matériel dans un endroit dédié (fermé, à l’abri de la poussière, lumière…).

Points critiques à respecter

• Aménager la salle de stérilisation dans le respect de la marche en avant. La circulation se fait de la zone « salle » à la zone « propre », sans avoir à retourner en arrière pour ne pas recontaminer un élément stérilisé.

• Porter un EPI (équipement de protection individuelle) pour toutes les manipulations. Lunettes, blouse, gants, masque, tablier, calot… Et ce, afin d’éviter des contaminations croisées par contact indirect.